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“The Hateful Eight”: “Couenne Tine” is back !

De Quentin Tarantino (2016 -168 minutes)

Avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins Tim Roth, Michael Madsen,…

Chaque sortie d’un nouveau Tarantino est un événemen et on se demande évidemment s’il s’agira d’un bon cru ou d’un cru moyen (mauvais étant ici impossible…). Et comme en plus son scénario avait fuité pour ce cru 2016 et qu’il avait presque abandonné le projet, on commençait vraiment à craindre le pire…


Ce qui est génial avec Quentin (prononcez “Couenne tine”), c’est qu’on est rarement déçus ! Contrairement à Star Wars VII vus quelques jours auparavant et dont je suis sorti totalement en colère, là, avec « The Hateful Eight » (« Les Huits Salopards » ou « Les Huits enragés » au Québec), on a droit au moins à du vrai cinéma, réalisé par un amoureux du cinéma et ça se voit !


La patte « Couenne Tine »

Dès la scène d’introduction, on reconnaît immédiatement la patte Tarantino : plan fixe sur le visage enneigé d’un Jésus en bois, puis lent travelling arrière sur fond de musique du maestro, Enio Morricone, pour découvrir la diligence qui arrive en arrière plan: simple, efficace et brillant ! Quelques minutes plus tard, magnifiques gros plans au ralenti sur les sabots et naseaux des chevaux progressant dans la neige, sur fond de musique totalement décalée. Relevons au passage la relation particulière de Tarantino à la neige après la scène mythique de Lucy Liu alias O-Ren Ishii dans « Kill Bill ». On a froid d’ailleurs dans cette auberge du fin fond du Colorado et « Couenne Tine » adore ça. C’est d’ailleurs à peine joué car plusieurs acteurs ont révélé qu’il faisait un froid de canard pendant le tournage : le décor est dressé, du grand art, passons à l’intrigue.

Samuel L. Jackson The Hateful Eight Les Huits Salopards

Même si j’évite les critiques avant d’aller voir un film pour ne pas me le faire « spoiler », j’avais quand même entendu ça et là quelques commentaires assez mitigés, fustigeant notamment l’excès de verbiage et le peu d’action.


Je m’inscris totalement en faux. La première partie soit disant trop verbale est au contraire très réussie. Il présente des personnages, met en place un univers et prépare le dénouement. Comme souvent, les dialogues sont tirés au couteau, la tension monte et on sent que ça peut éclater à tout moment. Aux autres détracteurs qui pointeraient une fois de plus la violence des films de Tarantino, je répondrais qu’elle n’est jamais réaliste, souvent grotesque et donc ludique, à prendre au millième degré.


Le film se déroule en huis-clos dans un refuge isolé au fin fond de l'ouest américain le plus sauvage. Le réalisateur confiait ainsi : "Le spectateur passe la moitié du temps à se demander quel personnage est bon et quel personnage est mauvais, et ils ont tous un passé trouble qui se révèle progressivement. (…) Une bande de hors-la-loi piégés dans une pièce, avec une tempête de neige à l'extérieur, leur donner des flingues et voir ce qu'il se passe ensuite... ».


La famille Tarantino

Troisième constante tarentinesque, la famille d’acteurs. Comme toujours, « Couenne Tine » aime s'entourer de comédiens qu'il connait bien et créer une alchimie spéciale entre eux. Il le prouve une fois de plus puisqu’il retrouve ici Samuel L. Jackson pour la quatrième fois ( Pulp Fiction, Jackie Brown et Django Unchained), Michael Madsen pour la troisième fois (Reservoir Dogs et Kill Bill: Vol. 2.), Tim Roth pour la troisième fois (Reservoir Dogs et Pulp Fiction) et enfin Kurt Russell pour la deuxième fois après (Boulevard de la mort, Mr. Blond).

The Hateful Eight Les Huits Salopards

On pourrait aller chercher la petite bête en disant que Tim Roth plagie le Christopher Waltz de Django. Mais globalement, Samuel L. Jackson est absolument génial dans ce Major Warren ambigu, dont on ne sait pas s’il s’est engagé pendant la guerre de Sécession pour défendre la justice et la liberté ou si cela lui donnait une excuse pour tuer un maximum de « Blancs ». « Mike » Madsen, l’un des tueurs de « Kill Bill », a une présence incroyable avec cette grosse voix grave virile qui ne cadre évidemment pas avec son histoire de petit garçon bien élevé allant rendre visite à sa mère pour Noël. Kurt Russel est également parfait. Il ne se cache pas derrière sa moustache, d’une rare brutalité avec sa prisonnière et se faisant en même temps le chantre de la justice. Bruce Dern, Demian Bichir et Channing Tatum complètent parfaitement le tableau de groupe. C’est ça la famille Tarantino : pas de manichéisme, des personnages travaillés, mystérieux, nuancés, avec leurs qualités et leurs défauts.


S’ils sont tous toujours aussi bons, les 2 petits nouveaux sont excellents.

Jennifer Jason Leigh The Hateful Eight Les huits salopards

Jennifer Jason Leigh qui avait un peu disparu les derniers temps (son dernier grand rôle date de 1999 dans eXistenZ de David Cronenberg), ressuscite littéralement à 53 ans dans le rôle de Daisy Domergue, femme dont la tête est mise à prix 10 000 dollars et qui est condamnée à se faire pendre. Jouant la prisonnière un peu stupide au départ puis se révélant démoniaque par la suite, Jennifer étale toute sa palette d’actrice mâture. Il faut voir son regard de cinglée alors qu’elle est la seule femme enfermée dans cette ferme au milieu de nulle part et entourée de 7 cow-boys aux flingues chatouilleux. Une bonne partie du film repose sur ses épaules et cela n’a pas l’air de lui faire peur. Au contraire, Jennifer s’amuse comme une fêlée et nous rend dingue…d’elle ! Et Samuel L. Jackson d’ajouter : sur le tournage, « Jennifer était un mec comme les autres » !!!

Walton Goggins The Hateful Eight Les huits salopards

Pourtant, la palme revient cette fois à Walton Goggins pour moi. Certes, pas totalement nouveau dans la famille Tarantino puisqu’ayant déjà fait une apparition dans « Django Unchained », il explose complètement dans ce rôle de jeune Sherif. Jusque là surtout connu pour ses rôles de séries télé (The Shield, Sons of Anarchy, Justified, Esprits criminels, Les Experts), Walter Goggins brouille les pistes à merveille dans « The Hateful Eight » : tour à tour benêt, suspect et finalement valeureux et plein de bon sens. Il pue l’Amérique profonde mais celle dont on finit par prendre en tendresse comme le bon vieux crotté du coin qui aurait bon fond. Chapeau Walter, camper un bouseux au nom de personnage de série télé des années 1970 (Mannix), fallait oser…Essai largement transformé !


« Couenne Tine » en avance sur son temps ?

Ralentis sur des musiques décalées mythiques, violence, casting soigné, ne manquait plus que la narration découpée en chapitres pour coller au Tarantino classique. « The hateful eight » n’échappe pas à la règle et est découpé en 5 chapitres : "Last Stage to Red Rock" ("Dernière escale à Red Rock"), "Son of a Gun" ("Fils de flingue"), "Minnie's"("Chez Minnie"), "The Four Passengers" ("Les Quatre passagers"), "Black Night, White Hell" ("Nuit blanche, enfer noir"). Petit bémol toutefois, le flash back en fin de film n’était pas vraiment nécessaire selon moi. Le récit est suffisamment explicite pour deviner ce qui s’était passé auparavant. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, le côté mystérieux permettant la surprise du twist final suffit à la réussite du film.


Du coup, le film en devient un tantinet long, encore plus dans sa version 70 mm, format originel utilisé par Tarantino, qui a été augmentée de quelques minutes. En revanche, comme cela fait du bien de voir des images non numérisées, à l’ancienne. Quel bonheur ce retour aux origines (ou presque) du cinéma. Les paysages neigeux de l’Ouest américain et l’intimité des intérieurs est vraiment mieux rendu. Un grand merci Monsieur Tarantino.


Si ce second western de Mr Tarantino est toujours jouissif, soyons honnête, il reste néanmoins un ton en dessous de « Django Unchained ». En revanche, aux côtés de « The Revenant », « Mad Max : Fury Road » ou encore de « Seul sur mars », et en pleine propagande pro Leo-Di Caprio, le 8e film de « Couenne Tine » aurait mérité davantage dans les nominations aux Oscars 2016. Surtout quand on pense à la polémique sur l’absence de diversité dans les nominations et que Samuel L. Jackson tient l’un des rôles principaux dans « The Hateful Eight ». « Couenne tine » serait-il en avance sur son temps ?

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